Retour à Le Maquis de Lorris

Une évolution imprévue

Des « Aulnottes » au « Ravoir », une évolution dictée par les circonstances

C’est donc Albin Chalandon qui est à l’origine de ce premier camp, près du carrefour d’Orléans. Ce camp, au confort tout relatif, est une base d’entraînement militaire de FFI, en attente d’accomplir des actions contre les troupes ennemies venant du sud de la Loire. Serge Degrigny, adjoint de René Charton, responsable du chantier forestier au carrefour d’Orléans, était chargé de conduire les jeunes au maquis. Ils étaient alors encadrés par les cyrards recrutés par Chalandon.

Témoignage recueilli et enregistré par les élèves du Club Résistance 2010/2011 du collège Geneviève de Gaulle Anthonioz des Bordes
Bernard Chalopin et Jean Héau, le 11 mai 2011, au collège

Mais alors que les plans d’Etat-major prévoyaient la création de petits groupes armés et entrainés d’une trentaine d’hommes sur la Loire, des événements totalement imprévus allaient bouleverser la donne. Les trois groupes terrés en forêt d’Orléans devaient par la force des circonstances se regrouper en juillet 1944 pour ne former qu’un maquis, le plus important du Loiret par ses effectifs, le Maquis de Lorris, fort de près de 600 hommes mi-août 1944.

1ere  étape : l’attaque du Maquis de Vitry

Le 17 Juillet 1944, le maquis de Vitry  commandé par Benjamin Passet, le capitaine Albert, est attaqué par les Allemands. Selon la procédure prévue avec le colonel O’Neill, les maquisards tiennent le premier choc de l’assaut puis se replient vers le groupe de Lorris d’Albin Chalandon près du carrefour d’Orléans. Les hommes de Vitry forment alors une seconde compagnie, la première étant formée des hommes de Chalandon.

Le camp des Aulnottes s’avère alors trop petit pour accueillir tant d’hommes. De plus le manque de densité de la forêt et le survol quasi quotidien de la forêt par l’aviation ennemie oblige finalement le maquis à déménager vers un autre lieu. Un nouvel emplacement est reconnu dès le 21 juillet, validé par la présence de deux sources d’eau potable. C’est le 27 juillet, après le survol par un avion de reconnaissance allemand du lieu de rassemblement du maquis, pile au moment de la levée des couleurs à 8 heures, que l’ensemble des hommes déménage au camp désormais dit du « Ravoir ».

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Remarque : notez que l’étang du Ravoir n’existe pas encore en 1944 !

Le garage se situait près du camp du Ravoir, dans un espace touffu pour mieux dissimuler les véhicules. Sous la direction de Maurice Ganivet, une soixantaine d’hommes dont seulement 3 mécaniciens de métier, la majorité étant des chauffeurs qui avaient un véhicule attitré et participaient aux actions. 
Il y avait environ 50 véhicules, véhicules légers (voitures) de marque Chenard&Walcker, Peugeot ou Citroën, des camionnettes, des camions, quelques motos, plus un camion atelier, la plupart réquisitionnés (comme les véhicules du marchand de bois et du notaire de Saint Benoît, ou celle du curé de Varennes). Le carburant était aussi réquisitionné, et stocké dans une citerne des Eaux et Forêt. Les batteries étaient tout aussi difficiles à trouver. 
Après l’attaque du 14 août 1944, tous les véhicules furent préparés avec les armes pour quitter le maquis et participer à la Libération, de Lorris jusqu’à Paris.
Premier emplacement choisi avec l'aide des gardes forestiers comme René Charton, c'est là qu'Albin Chalandon et ses "cyrards" entameront la formation militaire des premiers volontaires. Une fois les maquis de Vitry et Chambon venus, par la force des choses, renforcer les effectifs, c'est au camp du Ravoir que s'installeront les maquisards. C'est aux Aulnottes que la compagnie de réserve du Capitaine Gaudet viendra néanmoins prendre ses quartiers peu avant l'attaque du 14 août 1944.

C'est au camp du Ravoir que sont installées les 3 compagnies du maquis de Lorris, protégées par l'épaisse futaie.
C'est un camp militaire, avec lever des couleurs chaque matin, instruction militaire et discipline stricte. Les hommes dorment sous des tentes de parachutes, dans des conditions précaires.

Baraquements du chantier

Pendant l'Occupation, de nombreux jeunes étaient incorporés dans les chantiers forestiers de la région où ils participaient à des travaux de bûcheronnage. Certains rejoignirent la résistance. Au Carrefour d'Orléans, rebaptisé depuis Carrefour de la Résistance, un de ces chantiers dirigé par René Charton accueille à partir de 1943 des réfractaires au STO. Dès juin 1944, les volontaires rejoignent au camp des Aulnottes, puis au camp du Ravoir (juillet 1944), les autres maquisards.

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2e étape : l’attaque du Maquis de Chambon

Le 6 août 1944 survient l’attaque du maquis de Chambon,  commandé par le capitaine Pierre Gramond qui avait été nommé par Pierre Charié. Les hommes se réfugient à leur tour au Maquis de Lorris et forment alors ainsi une 3ème compagnie : la Compagnie Paul, toujours sous les ordres du capitaine Gramond.

3e étape : une mobilisation générale à Lorris

Vers mi août 1944, une mobilisation générale, à l’origine encore contestée, est décrétée sur Lorris et arrivent plus ou moins contraints et forcés, sans ordres particuliers des responsables du Maquis de Lorris, environ 50 à 60 hommes  qui sont cantonnés à l’ancien camp des Aulnottes et qui vont constituer la 4ème compagnie, la compagnie de réserve du capitaine Gaudet, engagée dans les combats du 14 août.

La complexe formation du maquis (Benoît Momboisse) – Cliquer pour agrandir

La réorganisation du camp

Parallèlement, en cet été 1944, les volontaires se bousculent dans la région, et chaque jour, on assiste à l’arrivée de volontaires  qui sont ensuite répartis dans les trois compagnies. On atteint donc un peu moins de 600 hommes au coeur de l’été, répartis comme tels :

– Les 3 compagnies installées au camp du Ravoir, la compagnie ALBIN, la compagnie ROBERT et la compagnie PAUL, soit environ 450 hommes.

– La compagnie de réserve, la compagnie MAX, est installée aux Aulnottes et comptait environ 120 hommes.

– Le garage, là où tous les véhicules étaient camouflés, est situé à environ 1 kilomètre du camp, et  composé d’environ 60 hommes, chauffeurs et mécaniciens, placés sous les ordres du Lieutenant Maurice Ganivet. Le parc automobile comptait une cinquantaine de véhicules de tout type en bon état, véhicules légers et motos.