Lorsqu’au matin du 24 août les maquisards de Lorris rejoignent la capitale, l’occupation allemande a pris fin sur la rive droite de la Loire. Pithiviers, Gien, Montargis, ont été libérées. De retour sur le Loiret après les combats parisiens au soir du 26, les maquisards retrouvent donc un département où la guerre est déjà pratiquement terminée ! Les derniers Allemands présents en Sologne l’évacuent le 31 août. Les hommes du maquis rejoignent alors la Nièvre jusqu’à la reddition des Allemands, qui feront d’ailleurs le choix de se rendre non pas aux FFI, mais aux Américains, le 10 Septembre 1944. Nos maquisards bénéficient alors de 5 jours de permission !
Le sort du maquis se joue loin du Loiret, de même que celui de tous les résistants en France. Pour bien comprendre la dissolution du maquis de Lorris quelques jours plus tard, il est nécessaire de revenir sur la volonté du général de Gaulle de fusionner (le fameux « amalgame ») tous les éléments épars d’une armée de bric et de broc dans laquelle se trouvaient des militaires de carrière restés aux ordres de Pétain, Giroud ou de Gaulle, mais aussi les résistants de toutes sensibilités politiques. Le 4 avril 1944, le général Koenig est nommé commandant en chef des Forces françaises de l’intérieur, FFI qui font donc désormais partie intégrante des de l’armée française (ordonnance du gouvernement provisoire du 9 juin 1944). Le 28 août, de Gaulle avait officiellement que confirmé la prise en charge des FFI par le ministère de la guerre. L’objectif était d’abord militaire, il s’agit de renforcer les effectifs de la première armée et de la 2ème DB dans les rudes combats qui s’annoncent en Allemagne. Il est aussi politique, de Gaulle se méfie des communistes capables de mobiliser plusieurs centaines de milliers d’hommes en cet automne 1944. Après la Libération du Loiret, le maquis de Lorris est donc officiellement dissous le 15 septembre 1944.
La question se pose alors de l’avenir de ses combattants. Le choix sera laissé à chaque homme de s’engager dans l’armée régulière ou de rendre les armes et retourner à la vie civile. Je vous laisse écouter cet épisode raconté par Bernard Chalopin et Jean Héau !
Si certains comme Bernard Chalopin, dont le père refuse de signer l’engagement vous l’avez entendu (!), rentrent chez eux le sentiment du devoir accompli, de nombreux maquisards du Loiret sont eux incorporés au 1er Bataillon de Marche du Loiret.
Cette unité créée en septembre 1944 après donc la dissolution du maquis de Lorris est commandée par Pierre Charié. Elle forme, à partir du 1er décembre 1944, le 3ème bataillon du 95ème régiment d’infanterie.
Son insigne que vous découvrez ci-contre a une très forte valeur symbolique et reprend un certain nombre d’éléments directement liés à l’histoire du maquis de Lorris (merci à Arnaud Blond du Musée de la Résistance de Lorris pour l’éclairage !) :
– la forêt et l’alignement des sépultures devant la maison forestière détruite rappellent bien sûr les combats du 14 août 1944 et ses nombreuses victimes
– l’ancre symbolise l’espérance des maquisards qui se sont accrochés malgré la tourmente des combats
– l’arc-en-ciel fait entrevoir la nouvelle France rebâtie grâce au sacrifice des résistants morts pour elle
Notez que cette intégration dans les unités combattantes ne se fera pas toujours sans quelques difficultés ! De la même manière que nos braves résistants dépenaillés s’étaient sentis pris de haut par les gars de la 2ème DB à Paris, les nouveaux engagés ont souvent été défavorablement considérés par les militaires : soi-disant mal formés, peut-être doués pour les embuscades mais incapables de lutter de front face à une une unité ennemie expérimentée, très nerveux au combat, voire indisciplinés, autant de jugements hâtifs à l’encontre de nos résistants qui ne les empêcheront pourtant pas de participer vaillamment aux combats de 1945 !
Dès la fin de la guerre, les anciens du Maquis de Lorris décident de se regrouper dans une amicale, l’Amicale des Anciens du Maquis de Lorris, et d’édifier un monument à la mémoire de leurs compagnons morts pour la France.
Ce monument trouvera naturellement sa place au carrefour d’Orléans, théâtre des massacres du 14 août 1944, rebaptisé Carrefour de la Résistance.